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Bilan Carbone : vers des pratiques plus agroécologiques

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En 2020, l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ( ADEME ) lance un appel à projets « Bon diagnostic carbone » avec une enveloppe de 10 million d’euros. L’objectif de ce projet est de récolter environ 4500 diagnostics carbones d’ici fin 2022.

Ces diagnostics concernent les grandes cultures, polyculture-élevage, élevage (principalement ruminants, porcins) et autres productions : viticulture, maraichage sous serre, arboriculture.

Ils reposent sur un bilan des émissions de Gaz à effet de serre (GES) ainsi que sur une analyse de potentiel de stockage carbone. De plus, ils comportent un volet optionnel « sol » correspondant à une analyse de terre et un conseil agro-pédologique afin de préciser le potentiel de stockage carbone.

Ces diagnostics comportent un plan d’action identifiant les leviers d’amélioration des pratiques agricoles pour une mise en œuvre à un horizon de 15ans.

 

Résultats et leviers à mettre en place

Au sein de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, 22 diagnostics carbones ont été réalisés. Ils concernent la filière viticole et incluent caves coopératives et particulières.

Les bilans carbones diffèrent entre cave coopératives et particulières. En effet, l’analyse des bilans carbone montre qu’une grande part des émissions de GES des caves particulières est liée aux bouteilles en verre. Pour les 5 caves particulières étudiées, la part des émissions liée aux bouteilles en verre s’étend de 13 à 87%. Ainsi, différents leviers d’action sont à envisager afin de réduire cet impact :

  • Réduire le poids des bouteilles : faire de baisser de 10% le poids moyen des bouteilles dont le poids est supérieur à 450g ce qui permettrait une diminution allant jusqu’à 26% des émissions de GES.
  • Augmenter la part de verre recyclé dans les bouteilles : utilisation de bouteilles à 80% issues de verre recyclé au lieu de 20%.


En ce qui concerne le potentiel de stockage carbone, la mise en place d’agroforesterie pour les caves particulières est à envisager :

  • Mettre en place de l’agroforesterie extra-parcellaire (dont les haies) : implantation d’arbres alignés, isolés
  • Mettre en place de l’agroforesterie intra-parcellaire : par exemple, implantation de 4 ha d’agroforesterie à une densité de 50 arbres/ha dans une parcelle encore non plantée en vigne

Les leviers suivants concernent aussi bien caves particulières que caves coopératives.

Les analyses montrent qu’une grande part des émissions est liée à la consommation de gazole non routier ( GNR ) par la machinerie agricole : jusqu’à 87% pour les caves particulières. Un levier d’action possible est :

  • Participer à une formation éco-conduite (proposée par la chambre et financée par des organismes), cependant, pour la plupart des exploitations étudiées, la consommation de GNR n’était pas réductible de part de nombreuses contraintes de passage. De plus, bien qu’elle représente une part importante dans les émissions, cette consommation était raisonnable pour la plupart des exploitations.

L’utilisation d’engrais entre également dans les émissions de GES (15% en moyenne), ainsi, différents leviers sont à envisager :

  • Substituer les engrais minéraux par des apports organiques, y compris de nouvelles ressources d’origine urbaine 
  • Développer les surfaces de légumineuses en cultures principales dans les rotations (ex: soja, luzerne, pois) ou des cultures à faibles besoins d'azote : semer des légumineuses en inter rangs (dans l’enherbement hivernal ou permanent).

Pour ce qui est de l’amélioration du potentiel de stockage carbone dans les sols, différents leviers sont à envisager :

  • Enherber les inter-rangs (permanent ou hivernal)

Les exploitations ayant pris le volet supplémentaire « sol » ont pu bénéficier d’un conseil supplémentaire permettant d’améliorer le potentiel de stockage carbone :

  • Apporter de la matière organique : par exemple, sur 5 ans, 20 t/ha de compost de fumier (60%) et de déchets verts (40%) à respectivement 65 et 35% de MO et un ISMO compris entre 60 et 80% permettraient un stockage supplémentaire de 4 t de CO2 éq/ha/an.

Les retours des agriculteurs

Les leviers d’action identifiés ont été discutés avec les agriculteurs au cas par cas. Les agriculteurs envisagent, pour la majorité, de les mettre en place. Cependant, ils nous ont fait part des nombreuses difficultés liées à leur mise en place.

En effet, certains leviers sont coûteux notamment lorsque les exploitants ne disposent pas des équipements adéquats tels qu’un semoir ou un épandeur. D’autres leviers sont dépendants des conditions d’irrigation ainsi que de la qualité des sols.

Le projet Label Bas Carbone a été présenté aux agriculteurs :

« Créé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, le Label Bas Carbone permet de récompenser les acteurs de la lutte contre le changement climatique en dirigeant les financements vers leurs projets vertueux pour le climat. » [Par Institut Français de la Vigne et du Vin Publié le 8 juillet 2021]

Ce label est encore en cours de rédaction pour la filière viticole. Les agriculteurs ont exprimé leur intérêt pour ce projet et souhaitent en être informés dès qu’il sera mis en place.

Les agriculteurs ont tous donné leur accord pour être contacté par l’ADEME dans les 5 ans à venir afin d’avoir leurs retours sur la mise en place des leviers identifiés.